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Présentation de la commune de Sainte-Engrâce
France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Sainte-Engrâce
Historique
La carte archéologique mentionne des traces d’occupation humaine à Sainte-Engrâce dès la préhistoire. Ainsi, la grotte sépulcrale de Droundak, utilisée du néolithique final jusqu’à l’âge du bronze moyen, voire récent, atteste à la même époque de la présence d’un établissement anthropique dans le secteur.
C’est par l’intermédiaire de son monastère "Sainte-Engrâce des ports (cols)" que l’on voit apparaître la localité dans les textes. Engrâce est une sainte originaire de Braga (Portugal) connue pour avoir été martyrisée à Saragosse vers 300 sous l’empereur romain Dioclétien. Le culte d’Engrâce se développe en Soule au 10e ou au 11e siècle avec l’arrivée de ses reliques à Urbaitz (Urdax). Le toponyme est formé par l’association de urd et aitz, plat ou plateau et rocher en basque. Sans disparaître, il est toutefois largement éclipsé par le toponyme du monastère dédié à sainte Engrâce. En 1085, l’établissement est cédé par le roi d’Aragon et de Navarre Sancho Ramirez au monastère navarrais de Leyre. Profitant de sa position, en aval d’un col reliant la Soule à la Haute-Navarre et à Saint-Jacques de Compostelle, l’occupation humaine devait consister en une petite agglomération agropastorale organisée autour du monastère et de son église : Santa-Grazi, construite au cours du 11e siècle. L’édifice est un des plus beaux témoins de l’architecture romane Souletine (il fait partie des premiers édifices classé au titre des Monuments Historique dès 1862). Au 14e siècle, le monastère, désormais chapitre de Sainte-Engrâce, appartient à une seigneurie ecclésiastique relevant toujours du monastère de Leyre en Navarre. Ce qui lui vaut notamment de ne pas figurer dans le de censier de Soule rédigé en 1377.
Les relations entre le monastère et le chapitre cessent cependant définitivement avec la conquête de la Haute Navarre par Ferdinand II d'Aragon en 1512. La même année, la province de Soule est réunie au domaine royal. Désormais libérée de la tutelle de l'abbaye de Leyre, Sainte-Engrâce apparait en 1520 dans la coutume de Soule. La localité est alors qualifiée de bourg royal au côté de Haux, Mauléon, Montory, Larrau et de Tardets, et placée sous l’autorité d’un gouverneur Royal. En 1570, en pleine guerres de Religion, Sainte-Engrâce est incendiée par les troupes Huguenotes du comte de Montgomery alors à la solde de Jeanne d’Albret. Peu favorable à la communauté catholique, la reine de Navarre dépouille la localité d’une partie du parcours et de la forêt de Sainte-Engrâce au profit des communautés béarnaise de Lanne-en-Baréthous, Aramtis et Arette. La collégiale n’est rétablie qu’en 1622, dotée de nouvelles reliques. Elle est finalement annexée à l’évêché d’Oloron en 1725, suite à un arrêt du Conseil d'État. Malgré cette perte d'autonomie, le pèlerinage de Sainte-Engrâce reste très actif en Soule jusqu’au début du 20e siècle. La sainte est populaire au Pays-Basque, comme en témoignent les dédicaces des églises navarraises et souletines de Moncayolle, Béhorléguy et Uhart-Mixe. Illustrant une tendance récurrente des gouverneur royaux à s’approprier les terres communes, en 1774, Louis XV engage au chevalier de Béla, gouverneur de Soule, les terres de Larrau, Sainte-Engrâce, Mendibieu, Berrogain, Laruns, Arrast, Larrory, Larrebieu, Moncayolle et l'Hôpital Saint-Blaize ; ce qui provoque un véritable soulèvement dans le pays avant que les Etats de Soule ne finissent par obtenir l'abrogation de l'acte en 1776.
Après avoir relevé sous l'Ancien Régime de la province basque de Soule, la commune est rattachée, dans l'organisation administrative héritée de la Révolution, à l’arrondissement d’Oloron Sainte-Marie et au canton de Tardets-Sorholus. Quant aux terres communes Santagraztar, désormais rattachées au canton de Tardets, elles appartiennent et sont administrées par Sainte-Engrâce. Ainsi, la localité ne rejoint pas les autres communes souletines à l’occasion de la création de la commission syndicale en 1838.
Bénéficiant d’un essor démographique engagé dès le 17e siècle, la localité compte plus d'un millier d'habitants au moment de la Révolution. La population continue de croître jusqu’en 1846 où elle atteint son optimum démographique, totalisant alors 1457 âmes.
Malgré sa situation frontalière et la présence d’une route menant à l’Espagne, la localité reste très enclavée. Elle est dotée d’une mairie, de plusieurs écoles et d’une caserne de douaniers en 1840. Il faut attendre le début du 20e siècle, avec la création de la route carrossable reliant Tardets au quartier caserne (1913), puis au bourg de Santa (1932), pour que la commune soit facilement accessible depuis les localités de Basse-Soule. Les préoccupations économiques ne sont pas étrangères à cette entreprise de désenclavement, notamment avec la construction d’un barrage au lieu-dit du même nom et plus récemment, avec le commerce des produits issus de l’élevage. Subissant l’exode rural à partir de la seconde moitié du 19e siècle, la commune compte encore 889 habitants en 1911 avant que le phénomène ne s’aggrave durant les deux derniers tiers du 20e siècle. Aujourd’hui, la commune compte 201 habitants. Elle est autant connue pour la réputation de ces fromages que pour la qualité de ses paysages ; offrant aux touristes des sites de spéléologie (grotte de la Verna), de ski de fond (Issarbe), de sports d’eau vive, ou encore de randonnées (gorges de Kakouetta).
La commune fait aujourd'hui partie de la communauté d’agglomération Pays Basque. Elle a été étudiée en 2022 dans le cadre d’un inventaire thématique consacré au patrimoine pastoral de la Montagne basque.
Description
La commune rurale de haute montagne s’étend sur un territoire de 73 km². Le ruisseau Uhaitza puis le gave partagent la vallée de Sainte-Engrâce selon un axe nord-sud puis est-ouest. Leurs affluents sont composés d’un chevelu de ruisseaux coulant depuis les sommets dominant la vallée. Au sud, deux d’entre eux sont à l'origine de la formation des gorges de Kakouetta et d'Ehüjarre.
Le bourg de Senta (637 m) et les quartiers, notamment Caserne (429 m), prennent place dans la vallée. On y trouve également les surfaces et les pâtures à usage agricole. La localité est desservie par la route départementale D 113, reliant Tardets-Sorholus située à une vingtaine de kilomètres.
À l’exception de son côté nord, la vallée est dominée de toutes parts par des montagnes dépassant aisément les 1500 m d’altitude, notamment : au sud par des pics (Binaleta 1758 m, Lakhourra 1877 m) et des sommets (Heile Gagna 1689 m, Utzigagna 1621 m) marquant la frontière avec l’Espagne ; à l’est, par des sommets limitrophes de Larrau (Eskantolha 1511 m et Sarimendi 1484 m) ; et à l’ouest par des pics (Issarbe (1559 m) et des cols (Lacurde 1341 m, Taillade 1431 m), délimitant les communes d'Haux et de Lanne-en-Barétous. Principalement occupées en piedmont par des forêts mélangées ou de feuillus (Ihizkondize, Léché), les pentes montagneuses laissent progressivement place aux pâturages naturels à mesure que l'on gagne en altitude (Eskantolha, Erainze, Utzigagna).
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'aire d'étude, aire d'étude |
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Référence du dossier |
IA64003335 |
Dossier réalisé par |
Rozier Hadrien
Chargé d'étude inventaire du patrimoine Parc naturel régional des Landes de Gascogne de 2018 à 2020. Chargé d'étude inventaire du patrimoine Communauté d'agglomération Pays basque à partir de mai 2020. |
Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2022 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Communauté d'agglomération Pays basque |
Partenaires |
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Citer ce contenu |
Présentation de la commune de Sainte-Engrâce, Dossier réalisé par Rozier Hadrien, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Communauté d'agglomération Pays basque, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/e6776cb7-c3cd-40fb-bd9f-0054004c68d5 |
Titre courant |
Présentation de la commune de Sainte-Engrâce |
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